L’article 1 de la loi du 9 décembre 1905 établissant la séparation des églises et de l’État stipule: « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. »

L’article 2: « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. »

Signée par le Président de la République, Émile LOUBET, la loi devient de facto une loi qui garantit la neutralité et l’indépendance de l’État à l’égard de toutes les religions, mais aussi qui garantit le libre choix des citoyens de croire ou de ne pas croire et de ne pas être soumis à une quelconque autorité religieuse.

Depuis 120 ans cette loi fait partie de notre vie et même de notre culture.
Pourtant, depuis quelques années, elle est remise en cause: par des allusions, des critiques, des accusations venant de milieux religieux, de médias, de personnalités politiques et d’universitaires.

Ce billet n’a pas pour objet de citer toutes ces attaques, directes, insidieuses ou indirectes.
Pour autant, il me semble indispensable d’être vigilant: le retour supposé du religieux dans notre société républicaine remet en cause non seulement le principe de laïcité, mais aussi, tout aussi insidieusement, les principes de l’état de droit.

Or, la laïcité est un des éléments de l’état de droit.

Un ministre déclare en septembre 2024: « l’état de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré. »
Or, la laïcité figure au nombre des droits et libertés garantit par la Constitution dans son article 1er. Et donc par voie de conséquence, si l’état de droit n’est selon lui « ni intangible ni sacré », la laïcité ne l’est pas non plus. Et, cela va sans dire, avec elle, bien d’autres principes républicains.

Un professeur de philosophie, Jean-Fabien SPITZ, n’hésite pas à proposer au ministre de l’ÉN en avril 2023, de, je cite, « Vous voulez couper court à cette influence pernicieuse ? Abolissez la loi qui supprime la liberté de conscience pour les élèves et cette influence disparaîtra. » Cela au sujet d’influenceurs que le ministre accusait de conseiller des adolescents pour détourner la loi.

Le pape François en décembre 2024 disait sa préférence pour « une saine laïcité, (…) qui ne soit ni statique ni figée, mais évolutive et dynamique », ajoutant à sa critique formulée auparavant d’une laïcité soumise « à la colorisation héritée des Lumières beaucoup trop forte », assimilant selon lui les religions à « une sous culture. »

Concernant la laïcité et l’Islam, je ne me référencerai pas au sondage effectué par l’IFOP pour le magazine « écran de veille » le mois dernier. Trop de polémiques à son sujet.
Il est à noter malgré tout une certaine radicalisation de la jeunesse se réclamant de l’Islam.
Mais ce sondage n’est qu’un sondage et les marges d’erreur ou d’interprétation, ou les deux, invitent à une grande prudence. Surtout quand certains partis politiques les instrumentalisent.

Chez les catholiques, du moins les plus attachés à la tradition, certaines actions militantes n’hésitent pas à braver les lois, une façon comme une autre de remettre en cause la laïcité.
Ainsi, les crèches et les croix pour ne citer que ces deux-là.

Certaines municipalités installent au sein des mairies des crèches, de façon provocatrice assumée puisqu’elles savent que la loi interdit formellement cette pratique. Mais, peu leur chaut, cela leur permet de faire, comme on dit, le « buzz » médiatique.

Une autre manière, plus discrète, anonyme, est de réinstaller des croix chrétiennes. Sauf que ces croix sont manifestement installées volontairement sur des espaces publics. Et ces espaces doivent, selon la loi, « rester vierges de tous signes religieux, à l’exception de ceux qui ont été érigés avant 1905. »

Une autre façon « d’affirmer sa foi » comme l’affirment certaines personnes fortunées est d’acheter ou racheter des médias, papiers,internet, télévisuels.
À partir de là, des discours, des émissions, des articles où « la défense de la foi », associée à la promotion du religieux qui serait attaqué de toute part par des forces hostiles, au premier desquelles la laïcité figure en bonne place.

La loi de séparation a 120 ans. Si à ses débuts, elle a été malmenée, elle a finit par s’imposer, chacun, chaque religion y trouvant son compte et lui reconnaissant sa tolérance et sa façon de faire société.

Aujourd’hui, elle est, quoiqu’on en dise, remise en cause par des extrêmes politiques, par des intégristes religieux, certes minoritaires, mais qui savent utiliser les outils de communication modernes. Qui savent aussi faire du bruit. Et qui aiment se faire passer pour des victimes, quand ce n’est pas pour des martyrs!!!

Nous devons être collectivement attentifs et vigilants: la loi de séparation doit rester ce qu’elle est. Au prétexte d’une modernité mensongère, certains voudraient la modifier, la faire évoluer comme ils disent.
Il ne faut rien changer à cette loi: pas même un mot, pas même une virgule. Rien. Parce que si, par malheur, cela devait arriver, qu’on le veuille ou non, ce serait le début d’une restauration. D’une restauration religieuse, avec tout ce que cela comporte d’ordre moral, de conservatisme et d’immobilisme.




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