Dans ses « Mémoires de guerre », Charles de Gaulle écrit: « Ensuite, regardant les étoiles, je me pénètre de l’insignifiance des choses.»
Alors que je marchais sur une plage, face à l’océan, il y a quelque temps, sans savoir vraiment pourquoi, j’ai pensé à cette insignifiance des choses.
Est-ce parce qu’il n’y avait pas de vagues, ou si peu? Est-ce parce que tout me paraissait immobile?
Ou tout simplement parce que je suis toujours fasciné par la mer? Et, devant elle, je me sens si petit, si … insignifiant?
Quand j’étais en mer, il y a bien longtemps, il m’est arrivé d’avoir ce sentiment, certes fugace, de n’être rien ou pas grand chose devant ce « royaume sublime » (1) qui m’entourait. Particulièrement la nuit. Parce que la nuit, tout était différent: que la mer fut grosse ou plate; que le vent souffle en tempête ou que le bâtiment plonge « le nez dans la plume », un sentiment de fragilité m’envahissait, comme si mon existence ne tenait à rien ou pas grand chose.
Je ne songeais sans doute pas alors à une quelconque insignifiance, il est même quasiment certain que j’en ignorais le sens. Il n’empêche, j’ai l’impression, parfois, devant l’océan, de revivre cette même fragilité.
Romain Rolland, dans une lettre à Freud, évoquait « le sentiment océanique ». J’aime cette expression et je la fais mienne.
Sans pour autant y rattacher le moins du monde le sentiment religieux que Rolland mentionnait dans sa lettre.
Mais alors quel lien entre l’insignifiance et le sentiment océanique? Sans doute celui de l’humilité, l’humilité qui peut ramener à ce que nous sommes face à la mer: insignifiant.
(1) Christophe ONO-DIT-BIO, in « mer intérieure », éditions de l’Observatoire, page 116
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